L’équipe R&D du Cerfav, en association avec la Halle des Matériaux de l’EEIGM (Université de Lorraine), développe des solutions de remplacement du plomb pour les vitraillistes à travers le projet SUPLART (Substitution du Plomb dans l’ARTisanat du vitrail) – soutenu par le Carnot Icéel.
Le but : remplacer les baguettes de plomb utilisées pour maintenir ensemble les morceaux de verre d’un vitrail.
Lucile Cornu, responsable du projet pour le Cerfav, nous explique que le plomb pourrait être très prochainement interdit au sein de l’Union Européenne face aux inquiétudes sanitaires que cette matière suscite ; le but est d’anticiper cette interdiction, et surtout de préserver la santé des artisans qui y sont particulièrement exposés malgré toutes les précautions d’usage.
« La communauté de vitraillistes est très importante, on a un grand parc de vitraux en France, c’est donc une profession qui serait fortement impactée. »
Le Cerfav a déjà fait plusieurs essais pour trouver des solutions de substitution. Les artisans n’ont pas forcément les moyens de développer une recherche à petite échelle dans leurs ateliers. Le projet Suplart développe des solutions adaptées à leurs usages et aux techniques de restauration ou de vitrail contemporain.
La production des premières baguettes et la réalisation des premières manipulations ont été réalisées au Cerfav en lien étroit avec Maryline Didier, responsable de l’atelier vitrail du Cerfav côté formation.
« On s’est vraiment concentrés sur le fait de conserver les gestes des vitraillistes, leur matériel et leurs outils afin d’impacter un minimum leur savoir-faire et la tradition autour du vitrail. » précise Lucile Cornu.
« On a échangé avec Maryline, pour savoir quel était son ressenti. Elle qui travaille le plomb habituellement, pouvait-elle faire les mêmes découpes ? Son ressenti était important pour pouvoir adapter nos matériaux puisque c’est le retour qu’on aurait potentiellement eu en sollicitant des artisans. Le but étant qu’il y ait le moins de changements possible. »
Un projet en collaboration avec la Halle des Matériaux (EEIGM) soutenu par le Carnot Icéel
Ce projet est soutenu par le Carnot Icéel, et développé avec la Halle des Matériaux à l’EEIGM (Université de Lorraine) et son équipe spécialisée dans l’étude des matériaux : Léo Portebois, chercheur et responsable de la Halle, Céline Jobard, ingénieur d’étude et Richard Comte, assistant ingénieur.
La Halle des matériaux a déjà travaillé sur la substitution du plomb dans des domaines d’activité autres que celui de l’artisanat, comme l’électronique ou le BTP. Dans le cadre de ce projet, l’équipe d’experts mettra en œuvre ses compétences afin notamment de définir les spécifications matière des nouvelles compositions chimiques d’alliages au regard des conditions d’applications propres à l’univers du vitrail.
Léo Portebois précise : « Nous apporterons dans ce projet une vision plus métallurgiste à travers une démarche visant à relier les microstructures des alliages à leurs propriétés mécaniques, à leur résistance environnementale mais également à leur brasabilité ».
Céline Jobard poursuit avec enthousiasme : « La Halle des Matériaux collabore avec de nombreux partenaires, dans des domaines d’activités très variés ; une grande partie de nos travaux peut se rapprocher d’une forme d’artisanat, en particulier le prototypage de pièces complexes qui pour beaucoup sont fabriquées comme des modèles uniques […] mais la dimension artistique de Suplart nous ouvre de nouveaux horizons sur le sujet. »
Les prochaines étapes de SUPLART
L’équipe de spécialistes de la Halle des Matériaux va réaliser des tests au Cerfav pour découvrir comment la vitrailliste Maryline Didier travaille et comment adapter les propriétés du matériau en observant les contraintes qu’il subit, toujours dans l’optique de mettre au point ce nouveau matériau qui viendra se substituer aux baguettes de plomb.
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